Les Nouvelles du CNA - 45 - Bénin

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Cinéma Numérique Ambulant - Nouvelles 45 - Bénin - Niger

Mars 2005

NATITINGOU LE 08 FEVRIER 2005

CNA NATITINGOU DANS LES VILLAGES AVEC POINT-AFRIQUE

Dans le cadre de son partenariat avec Point-Afrique, le CNA Natitingou à reçu la visite des 11 participants du circuit "l'Afrique fait son cinéma" du 02 au 06 février 2005.
Ce circuit permet à quelques voyageurs de découvrir la richesse et la diversité du cinéma africain au coeur de villages isolés.

Au total, 5 projections de films ont eu lieu dans 5 villages en présence de Point-Afrique. Près de 4000 spectateurs ont profité de ces grandes projections cinématographiques à cette occasion.

Les grands films africains qui ont retenu l’attention du groupe point-afrique sont : BAL POUSSIERE, PIECE D’IDENTITE, et TILAÏ.

Dans chaque village, Un acceuil chaleureux et particulier avait été réservé au CNA et point-Afique. Généralement une foule de manifestants composée d’enfants et d’adultes venaient à la rencontre des véhicules à l’entrée du village, avec des genres de chansons et de slogans. (Yigni natcharoun, CNA hoéééééé…) qui veut dire soyez les bienvenus chez nous, vive le CNA.
On ne pouvait pas compter le nombre de pauses de photo que le groupe point afrique faisait aux villageois et avec les villageois.

Dans le village de bouyayini, la soirée a été exeptionnelle. Ils avaient formé un groupe d’enfants qui en criant disaient vive le CNA la lumière de notre village, et un autre groupe d’adultes qui disaient bienvenue aux étrangers chez nous. Plus de 10 bancs et chaises étaient à la disposition du CNA et point- afrique.

A la fin de la projection, plusieurs personnes avaient pris le micro pour dire leurs impressions par apport aux films visualisés.

Monsieur KOUAGRE chargé de l’organisation de ladite soirée dans leur village avait pris la parole au nom de toute leur population en disant :

Nous n’arrivions pas à mesurer notre joie de ce soir. C’est une grande considération sans limite que vous avez pour nous, de quitter votre pays lointain pour être aujourdhui au Benin dans notre village.
Nous avions peur de ne pas mériter votre visite, mais la joie que nous partageons actuellement avec vous montre que nous n’avons rien à craindre. Ici chez nous, le cinéma était aussi rare qu’un éléphant dans la brousse, mais avec le CNA, plus de 99 % de notre population de tout âge confondu a découvert et aimé le cinéma purement africain.

Nous souhaitons à la délégation point Afrique un très bon séjour au BENIN dans nos villages et bon retour dans leurs familles respectives.

Après son mot de fin, les bassines d’ignames pilées à la sauce de poisson et d’agouti avaient décoré une grande table. Les villageois, le CNA et point Afrique étaient très heureux de partager ce repas en famille. Les villageois et point Afrique avaient du mal à se séparer.

La dernière projection a eu lieu dans le village de TAMPATOU. Une soirée très animée par des prises de photos de famille, des échanges d’adresses, de belles chansons et des cris de joie. Il faut voir le groupe point Afrique et le personnel du CNA NATI à la danse WAMA avec les villageois avant d’y croire. C’est du jamais vu ! A la fin de la danse, le chef de délégation point Afrique avait pris la parole au nom des autres pour remercier les villageois comme il le faisait dans les autres villages que nous avons parcouru..

Petit bilan des derniers mois de projection dans l'ATACORA

Apres les projections, tout laisse voir que quelque chose à été fait pour animer et permettre aux villageois de voir et comprendre les méfaits des maladies contagieuses, prévention du SIDA, lute contre le paludisme, le droit des femmes et des enfants, lutte contre le trafic d’enfants, la scolarisation des filles, l’hygiène corporelle etc. Ainsi le CNA répond aux besoins des populations en participant au développement et à la lutte contre la pauvreté

Parmi les films projetés, nous avons remarqué que MOUSSA, GUIMBA, BANGO : (exision et veuvage), TILAÏ, GITOT L’INGRAT, LE BALLON D’OR et BAL POUSSIERE ont regroupé les principaux problèmes communs que vivent les villageois dans l’Atacora.

Voici enregistrées les impressions du responsable chargé d’éduquer les jeunes pour la bonne conduite dans le village de PEPERIKOU :
J’ai la forte conviction qu’avec le CNA, nous renaîtrons en force et nous pourrons desormais faire face aux confrontations de nos problèmes communs.
Le CNA est un véritable meilleur outil de sensibilisation et nous ne serons pas les perdants. Mobilisons nous et devenons des élèves pour profiter des leçons que nous donne le CNA. Oublions les tabous pour nous adapter à la vie moderne. Avant l’arrivée du CNA dans notre village, nous remarquions la présence du mal pendant qu’il est instalé et sème des dégas et non pendant qu’il entre pour l’y en empêcher.
Bravo au CNA et à ses acteurs.

Au cours de la sensibilisation contre l’excision dans certains villages le CNA rencontre un peu de difficulté. Certain disent que la tradition n’est pas à laisser tomber, pour ne pas être victime de malédictions des dieux et de leurs ancêtres.

Ça fait plaisir d’entendre une vielle femme dire en ces termes :
Le CNA a engagé une bonne et grande lutte. Nous souhaiterions qu’il ne nous tourne jamais le dos car si le reste n’est pas fait, ce qui est fait n’aura pas d’effet. Je sais bien que le CNA n’aura peut être pas de facilité pour convaincre certains de nos parents car il est difficile de redresser un bois sec courbé, mais un bon guerrier ne fléchit pas devant son adversaire.

Pour les enfants, c’est une grande fête sans limite et une ouverture au monde qu’ils vivent avec la présence du CNA dans leurs villages.
A Wabou ils se mobilisent souvant avec des genres de gons accompagnés de danses avant la projection pour donner une bonne impression au CNA.

RESPONSABLE CNA NATI

ROSALIE N’DAH

Ci-dessous, le témoignage d'une des participantes au voyage Point-Afrique :

Ces projections de cinéma sont une initiative vraiment admirable pour l'accès à la culture et la prévention. Bref, je suis fan ! Par contre, il faut être vigilant, afin que ce soit toujours les villageois qui restent les premiers clients, pour ne pas que les exigences des touristes prennent le pas sur leurs attentes.

Pour la partie qui concerne plus directement le CNA, nous avons passé des moments particulièrement festifs avec les villageois. Les enfants attendent la venue du CNA comme une fête, guettant l'arrivée de la voiture avec impatience. Je crois que ça les a aussi bien amusé de voir des touristes débarquer. On leur a expliqué qu'on avait envie de voir le cinéma avec eux. En attendant les projections, les échanges ont été très riches : on a dansé avec les enfants... C'était très fort, même si le français est peu parlé dans ces villages, et que nous n'avons pas forcément communiqué par les mots. Il y avait à la fois beaucoup de réserve, de générosité et d'amitié. Nous avons diné à la fin des projections avec l'équipe du CNA, et les villageois se sont bien amusés à nous regarder goûter leurs plats. Le dernier soir, nous sommes arrivés plus tôt, avant que les femmes ne préparent le repas, et ils nous ont tous invités à diner, c'était vraiment très généreux de leur part.

Les films ont été suivis attentivement par tous, même certains films un peu ardus comme Tilaï. Les enfants restent concentrés pendant toute la projection, c'est fort ! Pendant les films de prévention, les gens réagissent, je ne sais pas exactement ce qu'ils se disent, mais cela donne l'impression que le message passe. J'ai aussi adoré les Buster Keaton, pendant lesquels tout le monde était plié en 4, et que Rosalie en rajoutait avec ses commentaires !

Dans les commentaires à la fin du film, chaque soir il y a eu un mot de bienvenue pour nous, on s'est sentis très bien accueillis. J'ai également été impressionnée par la pertinence des remarques formulées, lorsque les spectateurs prennent le micro pour raconter le film et en tirer la morale. Les conclusions tirées sont le plus souvent allées encore plus loin que le message du film.

Une spéciale dédicace également pour Rosalie, qui assure une grande partie du succès du CNA, elle tient son public en haleine, prenant le micro pour les motiver ou leur expliquer les points clés, enmenant son petit monde avec un enthousiasme communicatif, et attendue avec beaucoup de respect par les délégués des villages. Les cris de CNA ohé résonnent encore dans mes oreilles, et je me souviens bien des conseils qu'ils ont donné à la fin des films, et les attentes qu'ils ont exprimé : que les enfants restent dans leurs familles et aillent à l'école, que les pères s'occupent de leurs filles et de leurs fils avec tendresse, que les maris soient attentifs avec leurs épouses, tout un tas de choses que je transmets ici et qui nous seront également bien utiles !

Dorothée

Des nouvelles du CNA Ouidah.

Les projections se poursuivent avec beaucoup de succès. Le CNA reçoit deux soirées sur cinq des visiteurs curieux de savoir ce que fait le CNA. Ils sont souvent impressionnés par l’accueil chaleureux des centaines d’enfants en voyant le camion CNA, le sourire sur leur lèvre. Les adultes ne restent pas indifférents. Ils saluent avec enthousiasme les amis que nous sommes devenus.
Les projections se déroulent dans de bonnes conditions. Nous avons déjà fini la série de dix projections dans quatre villages : Golo ,Zounmin, Toligbé, lokogbo. La fin était triste dans ces villages. Les villageois, par l'intermédiaire des sages, nous demandent de revenir. Nous sommes resté sensibles devant leurs doléances et les discours de remerciement de nos amis. Qu’il est dur de se quitter...
Nous souhaitons retourner dans ces villages qui ont goûté aux projections et qui ont pris l’habitude de se divertir avec le CNA.
Les villageois ont mis l’accent sur les leçons apprises et aussi les comportements à adopter désormais.
Les enfants ont compris pourquoi se laver les mains avant de manger, pourquoi dormir sous une moustiquaire et pourquoi ne pas se laisser trafiquer par les parents.
Les enfants ont compris avec le CNA qu’ils ont aussi des droits.
Les parents comprennent aussi qu’ils ont des devoirs envers les enfants et que le meilleur cadre pour un enfant, c’est chez ses parents.

Les quates villages précités ont bien respectés le cahier des charges. Nous avons eu la chance de faire la dernière projection au village de Lokogbo avec Dorine Rurashitse, la représentante de AFRICALIA. La soirée fut formidable... Dommage qu’on ne pouvait pas trop rester avec eux. Il y avait la cérémonie des Hou Hou (vodou qui sortent la nuit) dans la ville de Ouidah. Il fallait vite rentrer.

Les projection se poursuivent dans les autres villages avec beaucoup de succès et toujours dans de bonnes conditions. Nous finirons les projections le 18 Février 2005. Nous avons déjà série des dix nouveaux villages et nous vous communiquerons les noms après le contact avec les chefs de villages et les habitants des villages. Nous formerons avec eux le commité de CNA dans tous les villages pour le respect des cahiers de charge.

Nous esperons bien pouvoir finir avec le repérage avant notre départ pour le FESPACO.

NOUVELLES CNA-NIGER JANVIER 2005.

Le 12 Juillet 2004, un contrat de prestation a été signé entre le Dr Cortès Représentant résident de Plan Niger et Dominique THALY Représentante du CNA Niger.

Cette mission se déroule dans la région de Dosso, dans les quarante cinq (45) communautés du plan, et traite, dans un premier temps, du paludisme, de l’espacement des naissances, du mariage précoce et du développement communautaire centré sur les droits de l’enfant (éducation, santé) et en second temps la projection de grands films issus du Cinéma africain.

Ces communautés recoivent la visite du CNA entre 2 et 3 fois sur une période allant de juillet 2004 à février 2005 totalisant ainsi 104 séances prévues. Les séances de projection ont eu lieu du 19 juillet au 6 août. Elles ont été interrompues à cause de la fermeture annuelle des bureaux de Plan International. Ensuite, en accord avec les responsable de Plan Niger, le CNA a été sollicité par l’UNICEF pour aller faire des séances projections dans le cadre de la Cure Salée à Ingall, si bien que les projections pour Plan ont repris le 21 septembre.

Partout dans les villages, l’accueil et les remerciements des populations ont été présents, allant jusqu’à dire que « le CNA nous a donné le goût de vivre, il nous a ouvert les yeux ».
La compréhension des films est constatée à tous les niveaux d’âge (grands et petits).
Anecdote amusante, même les sourds muets semblent comprendre le sens des messages contenus dans les films.
A l’exemple de ce sourd muet du village de TORSO qui avait participé au débat dans un langage de sourd plein de gesticulation et fini avec les points fermés et levés en guise de remerciement.

Chaque soir, un monde impressionnant envahissait le lieu de projection dans les villages, mais dans certaines communautés, l’absence des femmes ayant des enfants en bas âge s’est fait remarquer. Cela était certainement du aux très fortes baisses de température enregistrées à cette période d’Harmattan.

Chaque fois que nous revenons dans un village, je demandais aux enfants de me faire un résumé de la précédente séance de projection pour avoir un feed-back. Exercice auquel ils s’adonnaient avec plaisir et abnégation.

A la date d’aujourd’hui (30/01/2005), il y a eu 75 séances sur les 104 prévues. Nous avons totalisé le nombre de spectateurs à 119.900 environs.

Dès que nous nous approchons des villages, les enfants et même les femmes crient CNA Kaa ! CNA Kaa, dansent, se réjouissent et viennent nous accueillir. Les gens nous appellent par les noms des acteurs par exemple Saga, Kougouri, Ngouma, Koulga, etc. Maintenant le CNA est bien connu dans l’arrondissement de Dosso. Dès que nous mettons le matériel en place les gens nous demandent de leur mettre la musique comme d’habitude.

Au cours des débats, les spectateurs saisissent la chance ou l’opportunité de pouvoir prendre le microphone pour s’exprimer et donner leur point de vue. Cette opportunité de se divertir, de s’informer et de s’exprimer librement est très bien appréciée par les populations. Presque tout le monde (hommes, femmes et enfants) participent aux débats sans réticence. Et d’ailleurs, ces débats seront l’objet de discussions des villageois après les séances. A travers ces débats, les matrones, les agents de santé et les instituteurs profitaient eux aussi pour passer quelques messages qui leur sont confiés par Plan Niger. Ces agents de terrain remercient toujours le CNA France, le Plan Niger et toute l’équipe du CNA Niger de leur donner cette occasion de rappeler aux gens leurs droits et devoirs.

Dès que nous finissons avec la sensibilisation, les gens nous demandent de passer un film un peu plus long que ceux qu’ils venaient de suivre. Nous avons projeté Tillai comme film de fiction lors du premier tour et Guimba pour le deuxième tour.

A la fin de la projection, les gens nous demandent de continuer le petit film (scène d’adolescence module 6) sur le mariage précoce, parce que, disaient-ils, ils veulent voir la fin c'est-à-dire la fille prise de force de l’école chez le mari et la réaction des parents après le mariage, ensuite les avantages s’il y en a ou les inconvénients de ce mariage.

Impact des messages

Il ressort des différents points de vue des orateurs au cours des débats, que l’espacement des naissances, les consultations prénatales, les vaccinations des enfants sont indispensables pour le bien être de la famille. Un enfant (environ 12 ans) disait aux hommes ceci : ne faites pas des enfants aux femmes et après vous partez en exode les laisser dans la souffrance, pensez à vos enfants au moins en leur envoyant de quoi manger ou s’habiller, sinon espacez vos naissances pour pouvoir subvenir à vos besoins et à ceux de votre famille.

Il disait aussi aux femmes : ne pensez pas à mettre au monde beaucoup plus d’enfants pour vous concurrencer à vos coépouses ou pour s’épargner vite des travaux ménagers, pensez plutôt à votre santé et celle de vos enfants. Ce message est dans votre intérêt. Et dites vous bien aussi que le jour où vous devenez vieilles, ou vous avez un problème ou vous ne procréez plus, votre mari prendra une autre épouse.

Sur le paludisme, l’information est très forte car dans tous les villages du Plan à Dosso, les gens connaissent les symptômes et aussi les moyens de le prévenir.

Le petit film sur le mariage précoce où on voit une fille qui résiste à ses parents pour continuer d’aller à l’école et choisir son mari fait beaucoup parler parce que cette situation est fréquente dans ces villages.

On peut dire que les messages que le CNA a passé sont en train d’avoir leur effet. Par exemple, une fille qui faisant la classe de CM2 (sixième année du cycle du primaire) était venue voir son directeur d’école pour qu’il l’aide a convaincre ses parents qui voulaient l’obliger à suivre une jeune mariée dans un autre village pendant 2 semaines de suite.

Dans certains villages, les femmes refusaient de suivre les consultations prénatales parce que ce sont des hommes qui pratiquaient ces consultations dans les maternités et souhaiteraient plutôt la présence d’une femme.

Autour des projections du CNA

Le 12 octobre 2004 à Deytegui Gorou, nous avons eu le plaisir d’avoir le responsable de Plan France Mr Jean Claude FORTOT avec un grand nombre de journaliste Français, la chargée de Program Support Manager (PSM), Mme Fatoumata ALAINCHAR du Plan Niger, Mr Oumarou Housseini le Coordonnateur Plan Dosso, le chargé de programme Plan Niger Mr Samuel Tanon.

Ceux-ci ont beaucoup apprécié la projection et en ont profité pour faire des images du public au cours de la projection.

Comme d’habitude, après les récoltes, les jeunes se retrouvent pour pratiquer la lutte traditionnelle (premier sport du Niger). Le CNA les rencontrait dans certains villages. Ils ont toujours attendu la fin des séances de projection pour commencer leur rencontre sportive. Ces rencontres rehaussaient significativement le nombre de participants aux projections.

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