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Cinéma Numérique Ambulant - Nouvelles 48

CNA Bénin Ouidah - Aout 2005


CNA Ouidah (extraits des courriers de Martine de Souza)

Ici à Ouidah les projections se poursuivent très bien malgré les petites difficultés. Nous tournons toujours dans dix villages et chacun de ces villages a ses spécificités .Dans les villages au bord du lac comme : vovio; ajatokpa ;xhlacomé, les populations sortent et viennent très nombreuses aux la projections. Elles sont très fertiles. C'est dans les villages lacustres que nous avons beaucoup plus d'enfants comme spectateurs.

Les spectateurs n'en n’ont jamais assez de voir les films Après trois projections déjà les délégations se forment pour nous demander de revoir le nombre de projection que nous devons faire dans le village. Dix projections pour eux "c'est pas assez".A la fin de chaque projection nous entendons «Bissez bissez bissez" Oui la population est vraiment intéressée par les projections. Elle dit de nous « les sauveurs de l'humanité ».

Le CNA leur offre la possibilité de voir ce qui se passe dans d'autres pays africains ; ils peuvent alors comparer leur coutume à celles des autres. Ils ont l’opportunité de changer certaines pratiques parce que ces films sont un peu leur reflet. Ils se voient un peu comme dans un miroir .Chez les jeunes nous réveillons en eux l’esprit critique et de discernement.

Ils commencent à se donner une philosophie de la vie : c’est ainsi qu’un jeune homme nous a demandé de faire venir un réalisateur pour qu'il puisse voir la différence entre lui et ceux de sont village. Les jeunes de ces villages grâce aux films de lutte contre le VIH/DIDA utilisent aujourd’hui les préservatifs. Pourtant c'est une population qui ne croyait pas du tout à cette maladie au début de nos projections.

Aussi les parents comprennent que le trafic des enfants est une mauvaise pratique. A travers les films de sensibilisations (Anna Bazil et le trafiquant) par exemple, ils voient le mauvais traitement dont les enfants placés sont objets en ville. Les enfants savent aussi ce qui se passe quand on est placé. Ces enfants n'hésitent pas à prendre le micro pour inviter leurs parents à les garder avec eux. Il y a des enfants qui tiennent des propos un peu durs comme « restez dignes dans votre pauvreté, même si vous mangez du sable nous allons manger du sable avec vous ».

Les femmes, de plus en plus, prennent la parole en public pour dénoncer leurs maris qui prennent seuls la décision de placer les enfants. Les femmes dénoncent aussi le fait que les maris refusent l'usage des préservatifs. Les hommes ne restent pas sans se défendre. Ils ne sont pas les coupables disent t - ils. Pour les hommes la seule solution de donner une vie meilleur aux enfants c'est de les placer. Il disent aussi qu’ils ont beaucoup d’enfants parce les soirs ils ne savent pas quoi faire et la seule distraction c'est leurs femmes. Les autres villages ne sont pas les moins intéressants. Les enfants sont toujours les premiers à venir sur les lieux des projections. Ils sont très chaleureux et n'oublient jamais les rendez-vous. Notre slogan d'accueil est kirikou kirikou. Il faut dire que partout où nous sommes passés kirikou est resté sur tous les lèvres. Il y a des enfants qui demandent qu'on les appelle kirikou. C’est drôle n'est-ce pas ?

Nous avons un ami sourd muet qui vit dans un village situer entre deux villages dans lesquelles nous projetons. Il est toujours présent aux projections dans les deux villages et suit très bien les films, il rit, secoue la tête, nous touche, et nous demande par moment si nous voyons se qui se passe dans les films. A la dernière projection il faisait semblant de lire un nouveau testament. Il regarde attentivement les écrits en remuant ses lèvres. C’était un beau spectacle après les projections.

Les sages dans les villages nous racontent leurs aventures après le film bal poussière. C'est ainsi que le vieux chef d'un village nous disait qu'il avait six femmes mais qu'il allait très loin du village visiter son amoureuse, qu'il aimait beaucoup parce que celle –ci était loin de ses yeux et ne le déplaisait pas. Il allait chez elle un jour, quand en route il a rencontré un génie de la forêt qui l’a rendu malade et lui a interdit de sortir à une heure si tardive dans la nuit. Il est alors resté sur ses six femmes. Plus de concubine.

Un autre racontait que qu'il avait une femme très jalouse qui chantait à longueur de journée dans la maison. Elle refusait de faire la cuisine quelques fois. Heureusement que les autres femmes sont là pour lui faire à manger.

Le plus vieux des sages nous a dit qu'il arrive à bien satisfaire toutes ses femmes, donc il n'y a pas de problème a son niveau .Il soutien que la polygamie est une bonne pratique car on est bien servi a tout moment et correctement. Tout le monde n'est pas d'avis surtout les jeunes. Imaginez si les femmes assistaient à cette discussion ? Elles rentrent souvent plus tôt que les hommes. Dommage.

Nous passons pour la plupart de bons moments et nous apprenons beaucoup de choses sur nos us et coutumes.

Nous rencontrons quand même des difficultés surtout liées à l'état des voix d'accès de ces villages .Ce qui fait que nous sommes obligés de suspendre les projections dans certains villages pendant la saison pluvieuse. La seconde difficulté est d'ordre organisationnel : Certains n'ont pas encore la notion d'organiser la venue du CNA. Il faut donc de la patience et du travail pour les ammener à respecter à la lettre le cahier des charges.
Tout ceci donne une belle couleur aux activités du CNA car rien n'est facile.


Martine de Souza, responsable de la structure du CNA à Ouidah, Bénin

Moment tres émouvant: Rémi travaillait au CNA Niger. Le photographe Meyer (Tendance Floue) avait pris une photo de lui lors d'une projection au Niger. Cette photo, vous l'avez vu, a fait la une du magazine "Courrier international" et l'affiche était placardée sur tous les kiosques de France.
Rémi est rentré chez lui, au Bénin, dans son village où il pratique maintenant la pêche sur le lac Ahémé. Le circuit du CNA passe dans son village et, la semaine dernière, l'un de nos coordinateurs lui a remis cette affiche... Emotion pour tous... Que les génies du lac Ahémé te soient favorables, Rémi....

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