Cinéma Numérique Ambulant - NIGER- Nouvelles 26
Bonjour,
La cérémonie
officielle de lancement du CNA au Niger s’est déroulée
le Mercredi 12 Novembre, dans les locaux du Centre Culturel Franco-Nigérien
de Niamey, organisée par Nicola Cannarozzi de l’UE et Jean-François
Meyer du CNA.
(Jean François finit son quatrième mois, solitaire à Niamey
où il a réglé, et où il règle toujours passionnément
et avec brio une somme de problèmes impressionnants).
Tout le dispositif du CNA était installé en « configuration
village » par l’équipe habituelle d’animation
de la structure.
Monsieur Abdou Labo, Ministre d’Etat, chargé de la culture,
des sports, de la jeunesse et des jeux de la francophonie a présidé
la cérémonie.
Dans son discours, avant de déclarer officiellement lancé le programme d’activité du CNA, le Ministre d’Etat a confirmé que : « Ce projet, dans sa forme et son contenu cadre parfaitement avec les objectifs de notre action culturelle ». Il a aussi fait part de l’engagement de son département à soutenir l’action du CNA, et de ses félicitations pour le travail accompli…
Madame Irène Horejs, Chef de la Délégation de la Commission Européenne, qui a assisté à une projection en brousse, a réaffirmé le soutien de la délégation et son bonheur personnel de voir que avec peu de moyens, on pouvait mener une action culturelle efficace et de grande ampleur.
L’assistance « triée sur le volet » nous changeait pas mal de notre public habituel.
Monsieur l’Ambassadeur
de France et Madame, nous ont fait l’honneur de leurs présences.
Un nombre important de délégations nigériennes, ONG, associations
étaient représentées.
Beaucoup de services de coopération aussi. (Française, allemande,
suisse, québécoise) et le Centre Culturel Américain.
En fait, l’ensemble des organisations que nous avons rencontré
pour la mise en place de nos premières parties de projection.
Vous trouverez en pièces jointes, les trois discours qui ont été tenus. Attention à l’interrogation écrite la semaine prochaine…
Même si nous le savions déjà, c’est toujours réconfortant quand la pertinence du CNA est dite par d’autres, surtout quand ces « autres » ont assisté à la réalité des projections en brousse, au milieu de centaines d’enfants, de jeunes et d’adultes dont l’enthousiasme est impressionnant .
Le cocktail après
la cérémonie était « trop » chaleureux ! Les
compliments tombaient comme à Gravelotte !
On avance toujours, et les choses se passent toujours du mieux qu’on pouvait
espérer… Même notre fragilité bien réelle pourtant,
semble s’éloigner dans ces moments là.
Sinon la « routine »… On arrive aux huitièmes projections dans les villages autour de Niamey. Notre premier circuit sera bientôt fini. Il faut prévoir le second dès maintenant .Rentrer avec la voiture dans les villages, accompagné de centaines d’enfants, d’ados et d’adultes qui font une sorte de haie d’honneur accompagnée des exclamations « CNA KAA CNA KAA » est toujours aussi émouvant .KAA KAA signifierait « en avant, en avant» ou « il est là, il est là» suivant les sources… C’est une scène totalement indescriptible, il faut vraiment le voir pour le croire. On approche pour le Niger les 60 000 spectateurs. Chiffre un peu vertigineux ! Qui aurait pu le croire ? Même pas moi… Une nouvelle fois, le succès des projections nous dépasse complètement, de la même manière que lors de la première saison il y a presque trois ans à Ouidah au Bénin.
Christian Lambert
Christian Lambert; M. Abdou Labo, Ministre de la Culture; Mme Irène
Horejs, Chef de la délégation UE
Une partie de l'assistance
Madame et Monsieur l'Ambassadeur, Madame la Chef de Délégation,
Monsieur le Ministre
Discours de Mme
Irene HOREJS
Ambassadeur, Chef de Délégation de la Commission Européenne
à l’occasion de la cérémonie de lancement du Cinéma
Numérique Ambulant
15 octobre 2003
Monsieur le Ministre d’Etat
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Honorable Député,
Mesdames, Messieurs,
Il y a deux ans, Christian Lambert avait pris contact avec la Délégation pour présenter son projet. La requête de financement du projet, introduite par le gouvernement, a été soutenue par la Délégation. La volonté commune des initiateurs du Cinéma Numérique Ambulant (CNA), du Gouvernement et de la Délégation a permis au CNA, déjà active au Bénin voisin, de commencer ses actions au Niger.
Je salue cette heureuse initiative car je me suis rendue compte par moi-même du formidable accueil que lui réserve les villageois. Je suis allé en octobre à Yorizékoira pour assister à une séance du CNA. L’enthousiasme de la population face à la magie de l’image fait plaisir à voir.
Les projections en plein air existaient au Niger bien avant l’indépendance. Elles ont aujourd’hui disparu et j’ai appris que la dernière salle de cinéma privée qui marchait encore à Niamey a malheureusement fermé récemment.
C’est à dire qu’il est devenu difficile de voir un film à Niamey où seuls le CCFN et le Centre Culturel Américain organisent encore des projections. Cette difficulté devient impossibilité en campagne, même à quelques kilomètres seulement de la capitale. Bien sûr, il y a la télévision et la vidéo. Mais c’est le petit écran.
L’avantage du CNA c’est de planter régulièrement le grand écran, cinq jours par semaine, chaque soir dans un village différent des alentours de Niamey et Tillabéri. En alliant les techniques audiovisuels modernes à la légèreté de son dispositif, le CNA apporte à une dizaine de villages, dépourvus d’électricité, un cinéma d’une qualité d’image et de son remarquable.
C’est un moyen
de montrer au public des films africains qui ne sont pas suffisamment diffusés
sur le continent. Des films africains, tournés en Afrique par des Africains
sont très peu vus par les Africains. Pour y remédier, le CNA apporte
sa contribution et participe ainsi au partenariat entre les ACP et l’Union
européenne dont la coopération prévoit la promotion des
valeurs et identités culturelles des pays ACP.
A cette dimension culturelle, le CNA ajoute un apport à la coopération
au développement et établit, des passerelles avec des actions
dans le domaine notamment social. En effet, la première partie des séances
est alimentée par des films éducatifs. Par ce biais, des messages
sur des questions comme le SIDA, le paludisme ou l’éducation des
jeunes filles peuvent atteindre les populations visées.
Ainsi, le CNA dispose déjà de films et de chansons de sensibilisation en langues nationales produits par le Programme National de Lutte contre le Paludisme. Des contacts sont également en cours pour obtenir et projeter des films sur le mariage précoce et l’éducation.
Bien que limitée aux régions de Niamey et Tillabéri l’action du CNA a un bon impact. Au 31 octobre, 45 000 personnes ont participé aux séances et cette participation est en progression constante. J’invite donc les structures qui veulent diffuser des messages éducatifs audiovisuels à profiter de l’opportunité qu’offre le CNA.
Je vous remercie et vous souhaite une bonne soirée.
Discours de Monsieur Abdou Labo, Ministre d’Etat, chargé de la culture, des sports, de la jeunesse et des jeux de la francophonie
Messieurs les Ministres
Mesdames et messieurs les ambassadeurs et chefs de mission diplomatiques
Mesdames et messieurs
Chers invités
L’événement
qui nous réuni aujourd'hui, ici en ce haut lieu des échanges culturels
Nord-sud qu’est le Centre Culturel Franco-Nigérien (CCFN), constitue
un acte fondateur de mise en œuvre d’une nouvelle vision de la coopération
culturelle.
Cette vision se fonde notamment sur une dynamique d’échange décentralisée
mettant en relation les acteurs à la base. J’ai nommé ici
les communautés villageoises et les promoteurs de l’Association
Cinéma Numérique Ambulant (CNA). Elle ouvre ainsi une perspective
dialectique de partage qui donne accès aux populations rurales nigériennes
aux œuvres des cinéastes africains.
C’est pourquoi le projet du CNA au Niger, parce qu’il permet de
renforcer l’enrichissement culturel des populations nigériennes
dans les villages a partir d’images réalisées par des africains
et en renforçant les conditions d’éclosion d’une culture
cinématographique au niveau villageois, est un projet libérateur
ouvert sur les problèmes de loisirs dans les campagnes, mais aussi sur
les problèmes de développement dans un contexte de pauvreté,
d’ignorance et d’analphabétisme.
Ce projet, dans forme
et son contenu, cadre parfaitement avec les objectifs de notre action culturelle.
En effet, la dynamique partenariale mettant en jeu le CNA, les ONG, les projets
de développement, les organismes de coopérations bilatérales
et multilatérales (UE – AIF – coopération française,
l’Etat nigérien et les communautés villageoises), constitue
une véritable école où théories, volontarismes individuels
et volonté politique se conjuguent harmonieusement.
Des échos qui me sont parvenus à travers des rapports périodiques
détaillés pendant la phase test de vos activités dans des
villages dans la région de la Tillabéri d’août à
octobre 2003, la recette CNA est pertinente.
J’ai parlé de la programmation des projections en deux parties,
-Une première partie éducative constituée de films d’éducation et de sensibilisation aux problèmes de développement (Hygiène, santé, éducation, place des femmes)
-Une deuxième partie distractive et culturelle avec des films de fictions africains
Ce qui fait aussi de cette action un moyen de développement local, c’est son caractère participatif et pédagogique. Dix projections dans chaque village de façon répétitive à intervalles réguliers.
De ce fait, grâce au Cinéma Numérique Ambulant, la mondialisation culturelle ne sera pas homogénéisante parce qu’elle offre aux communautés villageoises l’opportunité d’amortissement des vagues transnationales en favorisant et en nourrissant un bouillon de culture locale.
Tout en vous félicitant
pour l’installation de cette première unité mobile de projection,
je vous exhorte à parachever le processus de mise en place des deux autres
unités prévues dans le cadre de ce programme.
D’ores et déjà mon département ministériel
s’est engagé à vous soutenir, à travers la pleine
application de la Convention d’exercice qui fixe le cadre de coopération
entre votre association et mes services compétents.
Soyez donc rassurés de mon soutien pour qu’ils recherchent avec
vous les voies et moyens d’assurer les conditions de pérennisation
de cette activité.
Sur ce, je déclare officiellement lancé le programme d’activité du Cinéma Numérique Ambulant au Niger.
Je vous remercie
Discours de Christian Lambert, du CNA :
Monsieur le Ministre
d’Etat, Madame la Chef de Délégation, Mesdames et Messieurs
les Ambassadeurs,
Mesdames Messieurs
L’association "cinéma numérique ambulant" existe
maintenant depuis presque trois ans. Le film que vous venez de voir a été
tourné il y a quelques mois au Bénin.
J’espère que, très vite, il existera le même film,
avec des images du Niger.
Comme vous avez pu le voir et comme vous pouvez le constater, puisque nous sommes
dans une « configuration village », le concept du CNA est d’une
grande simplicité, et il a donné des résultats qui ont
dépassé toutes nos espérances.
Au Bénin, nous approchons les 300 000 spectateurs, au Niger, depuis l’installation
de la structure en juillet, nous en sommes à plus de 50 000.
Notre objectif majeur maintenant est de trouver les moyens de pérenniser
ces actions. De nombreuses pistes existent, il nous reste à les concrétiser.
En parallèle, nous devrions très rapidement installer une quatrième
structure au Mali.
C’est avec beaucoup d’émotion que je m’adresse à
vous aujourd’hui, car manifestement cette idée qu’on pouvait
qualifier de folle ou de farfelue au début, est devenue une réalité,
et chaque soir, au Niger et au Bénin les trois projections du CNA remportent
un succès incontestable.
En ce moment même, du coté de Ouidah et de Natitingou au Bénin,
deux projections animées par les responsables béninois que vous
avez vu dans le film se déroulent devant plusieurs centaines de villageois.
Et hier soir, cette structure était à Goubé devant plus
de 850 spectateurs, et demain elle sera à Koutoukalé-Tégui
Amener le cinéma africain dans les villages, faire que 10 fois de suite,
les enfants, les adolescents, les jeunes, découvrent pour la plupart
le cinéma et même les images audiovisuelles, et que ce soit grâce
aux films de créateurs africains, leurs grands frères, leurs élites
qu’ils découvrent en premier ces images est à mon avis d’une
importance capitale.
On peut même imaginer que c’est fondamental, au sens propre du terme,
pour leur culture, que ce soit ces images là qu’ils voient en premier,
et non pas un mauvais film de karaté, dans un mauvais vidéo club,
sur une mauvaise télévision… La liste des mauvais n’est
pas exhaustive !
Au contraire, nous nous battons pour présenter des projections de bonne
qualité , tant au niveau du son qu’au niveau de l’image projetée.
Et on peut certifier une chose, c’est que même si notre public apprécierait
et appréciera d’autres cinématographies, les films que nous
leurs présentons, ces films des Ouedraougo, Kaboré, Cheik Oumar
Sissoko, Mustapha Allassane, Sembene Ousmane pour n’en citer que quelques
uns remportent un énorme succès mérité.
On ne peut pas parler des projections du CNA sans citer les projections des
premières parties dites « éducatives ». Ces premières
parties sont inséparables du reste de la projection. Il serait absurde
que cet outil qui fonctionne à la perfection ne serve pas à diffuser
les films des ONG et des institutions nationales et internationales qui luttent
contre les fléaux qui touchent les populations concernées.
Vous verrez tout à l’heure un de ces films que nous diffusons en
première partie de programme. Il s’agit d’un épisode
de Moussa le taximan, réalisé par Henri Duparc en Côte d’Ivoire.
Nous sommes actuellement toujours à la recherche de ce genre de film,
et c’est une part importante de notre travail, aussi bien en Europe, qu’au
Bénin au Mali et au Niger. Nous recherchons des films simples, s’adressant
directement au public des villages
Nous sommes en fait, en plus d’une salle de cinéma, un outil de
communication, à la disposition de l’ensemble des organismes qui
en ont besoin.
L’épisode de Moussa traite du sida, mais ce n’est pas le
seul problème que nous abordons. Le paludisme, l’hygiène,
l’éducation, la place de la femme dans la société
nous concerne évidemment.
Je tenais avant de conclure
à remercier les autorités nigériennes, la commission européenne,
l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie et l’ensemble de
nos partenaires publics et privée pour le soutien qu’ils nous ont
apportés.
Je voulais également citer les équipes nigérienne et béninoises
qui animent ces structures où, du chauffeur au responsable, tout le mode
a conscience de l’enjeu énorme qui est mis en place.
Merci beaucoup de votre présence.
J’espère que vous aurez passé une bonne soirée.