Cinéma Numérique Ambulant - NIGER - BENIN - Nouvelles 21.
28 septembre 2003.
Deux mois de projections au Niger dans la région de Tillabéry et Niamey.
Trente huit séances dont deux opérations spéciales.
Huit annulations ou interruptions dues aux intempéries. Vingt quatre mille cinq cent spectateurs cumulés.
Compter est toujours sujet à caution. On sait que la Tour Effel mesure six cent mètres selon les organisateurs et cent cinquante mètres d¹après la police. Ici, tous les matins, Idé Gogi note, dans un grand cahier tous les détails de la soirée de la vieille parmi lesquels une estimation du nombre de personnes présentes. Les gens sont tellement nombreux et serrés que l¹opération est difficile.
Avec une moyenne de six cent quarante et une personnes par soirée, je suis certain que ces chiffres sont sincères et que la marge d¹erreur se situe plutôt en deçà de la réalité qu¹au-delà. Je peux jurer n¹avoir jamais vu moins de cinq cent spectateurs et avoir constaté que dans les plus gros villages c¹est autour du millier que se situe la participation.
Evidemment, la sécheresse des chiffres ne recouvre pas la réalité de ce qu¹elle est censée exprimer. En l¹occurrence celle du plaisir et de l¹enthousiasme des villageois. Le CNA a dépassé les vingt cinq mille spectateurs, le lundi 30 septembre, dans le petit village de Saga-Fondo.
Heureux hasard du calendrier, c¹est ce soir là que nous avons eu la joie d¹accueillir l'amicale et informelle visite de représentants de la Délégation de l¹Union Européenne au Niger, venus précisément se " rendre compte " sur place. Mme Olga Baus, conseillère ; MM. Alain Darthenucq, conseiller au développement rural ; Nicolas Cannarozzi, chargé de mission et Xavier Le Mounier, chargé de programme, étaient accompagnés de conjoints et d¹amis. Tous ont témoigné de leurs très fortes impressions. Ils ont pu mesurer l¹impact culturel du cinéma dans la brousse, découvrir la qualité des projections et la pertinence du programme. Ils ont vu Hamsou Garba chanter en zarma pour lutter contre le paludisme, Moussa le taximan en guerre contre le SIDA, Anna et Basile initiés à l¹hygiène préventive des maladies endémiques, Buster Keaton délirer dans Frigo déménageur, et goûter avec tous La Vie est belle. Ils nous ont fait un très grand plaisir et je crois que c¹était réciproque.
Jean François Meyer
Ci-dessous, un mail reçu aujourd'hui de la part de Hadjira Thoguyeni, du CNA Niger
Salut je voudrais juste vous envoyer des nouvelles du cna au Niger. Au début c'est un peu difficile pour le cahier des charges. Maintenant partout ou le cna passe (c'est la fete au village) ! Le 22 a Dara les villageois etaient très contents du coup de klaxon de Rémi. Bien que ns n'etions pas attendus .Ils n'ont pas le cahier de charge pour cause de pluie. Tout au long la projection ce fut la fete Apres la projection une vielle femme entourée d'autres femmes m'appela et me dit q'elles étaient tres contentes de ce que fait le cna. Le 23 a Koné béri aussi ce fut la grande fete Les villageois applaudissent a la fin de chaque film et crient cna kàà ! cna kàà! .Et chaque fois a la fin ils nous demandent de continuer. Ah! c'est bien le cinema dans les villages me dit le chef du village de Sansanne Haoussa.
Hadjo du cna Niger.
Nous ne résistons pas au plaisir de vous faire partager un extrait de ce que J.F. Meyer nous a également envoyé de Niamey
A Niamey, un mur l¹affirme : il est " interdit de picé " sous peine d¹une amende de 1000 francs CFA. C¹est pourquoi il convient d¹utiliser " L¹urinoire ". Dans notre quartier il y a une " Manicure " et d¹ailleurs sur une facture le Cinéma Numérique est " ambilant ". Savoureuses fautes d¹orthographe qui n¹égalent pourtant pas le sel de certaines expressions. Ainsi les enseignes " Redoutable coiffeur ", " Hôpital du pneu ", " Prix régressifs ", " Tête de taxi " ou dans une clinique " Accueil Urgence - Aiguillage " et cet écriteau qui avertit : " Le SIDA un tueur sur et sournois. " Une sorte d¹art brut de la langue (française), voisin des panneaux peints sur les boutiques où sur les camions et que les films africains francophones que nous diffusons réverbèrent naturellement. Dans l¹équipe du CNA, un jeu d¹autodérision fertile consiste à utiliser, pour se parler, des dialogues de films connus par c¦ur. Et bien sûr à les prolonger. C¹est le " bonheur totalement " quand un soir, vers la fin d¹une séance, je demande l¹heure à Hadjara. " Désolé, me dit-elle, mais ma montre est décédée ". Idé propose immédiatement " d¹examiner comment la ranimer ". Vraies répliques de cinéma. Il faut dire aussi, " déjà là ", qu¹Hadjara serait peut-être plus à l¹aise en jeans qu¹en pagne. En conséquence, Rémy propose qu¹on l¹accompagne " à la fripouille pour choisir un pantalon. " Lui qui est béninois avale les R alors que les nigériens les roulent bigrement. Il existe cependant de parfaites concordances. CNA ne comprend que deux syllabes (Cé-na) et n¹est que rarement précédé de " le ", article défini, d¹ailleurs ici pronom personnel singulièrement muet mais entenduŠ De connivence, parce que Céna, personnage autant que ville, occupe un territoire humain et sensible. C¹est que " Céna kàà ! " comme " Céna Oyé ! " Qu¹on se le dise ! Et moi, là, avec mon accent nîmois prononcé et nasillard qui très souvent plonge mes compagnons dans l¹embarras. Drôle d¹équipage.
Jean-François Meyer
Du Bénin, les nouvelles sont bonnes. Les deux structures (Ouidah et Natitingou) continuent d'opérer sans problèmes.
Le 17 septembre dernier avait lieu au siège de la SCAM à Paris une présentation des actions menées par le CNA en 2003 au Bénin et au Niger. Cette soirée était organisée avec le concours de TV5 et CFITV. Nous y avons projeté le nouveau film, réalisé et produit par le CNA : "le cinéma dans les villages", d'une durée de 10 minutes.
Un dossier de presse a été réalisé pour l'occasion. Il est disponible, ainsi que la cassette VHS du film, sur simple demande.