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Cinéma Numérique Ambulant - BENIN - Nouvelles 13

Le 13 juin 2003.

Bonjour, à Natitingou, nous arrivons à la moitié du premier circuit de village. Dans 10 jours, les premiers villages recevront la visite du CNA pour la sixième fois. Le temps passe incroyablement vite.

Pas d'annulation pour cause de pluie ces deux dernières semaines à Nati, ce qui n'est pas le cas de Ouidah, où deux projections ont été reportées. L'architecture des villages est très différente entre le Sud et le Nord. Dans le Nord, les habitations sont beaucoup plus dispersées , nous sommes quasi systématiquement installé dans la cour de l'école, et le public doit souvent marcher longtemps pour rejoindre la projection. Mais c'est aussi le trajet que font les enfants le matin pour se rendre en classes... Sensiblement, les gens arrivent plus tard, mais ils sont aussi plus nombreux qu'à Ouidah. On flirte régulièrement avec la barre des mille spectateurs qu'on doit franchir assez souvent aux alentours de 21 heures... Différentes de celles de Ouidah, la chaleur et la convivialité sont également là.

Mercredi 4 Juin avait lieu à Cotonou dans les locaux de l'Union Européenne la cérémonie officielle de présentation du CNA . De l'avis unanime, ça ne pouvait pas mieux se passer. Le film de Jean François Périgot a été applaudi, les discours ont été les discours, mais ceux de Monsieur le Chef de la Délégation et de Madame la Secrétaire Générale du Ministère de la Culture, parlant au nom du Ministre ont été particulièrement chaleureux.

La conférence de presse s'est transformée en séance de félicitations publiques, et bien sur (vous commencez à me connaître) c'était très gênant, mais ça fait tellement plaisir ! Il faut dire que le film de Périgot rend bien l'ambiance des projections et qu'il est (pour moi en tout cas) très émouvant.

Au milieu de ces congratulations, un des journalistes présent a relevé qu'en plus le CNA c'était gratuit !... Je l'ai courageusement repris de volée, en expliquant le contraire... Ces projections ont un coût . Et si on ne demande pas un paiement individuel, genre 10 francs pour les enfants et 100 francs pour les adultes, car ce serait totalement inefficace, il faudrait mettre en place une infrastructure idiote, entre la billetterie, le service d'ordre et un lieu clos et cela coûterait plus cher que ce que ça rapporterait, on demande quand même aux gens de payer, mais on le fait d'une manière qui nous semble plus efficace en exigeant une prise en charge collective du village, et un engagement pour les 10 séances. Et même si cet engagement peut paraître de l'ordre du symbolique, il permet à l'ensemble de la population, les " riches " comme les pauvres, d'assister aux projections. Et il ne faut pas croire que ce soit si simple à obtenir... Martine de Souza et Pierre Dassabouté ont passé des heures et des heures chez les délégués, les chefs de villages et les représentants de la population à expliquer et convaincre de s'organiser pour recevoir le CNA. Il faut bien reconnaître que ça ne fonctionne pas toujours. D'ailleurs les projections dans deux villages ont été arrêtées, pour cause de non respect du cahier des charges. J'étais assez heureux de pouvoir faire cette mise au point, mais il faut bien imaginer qu'on va dans des endroits où il n'y a rien, et même moins que rien. Il n'y a que des gens... Et autour de Natitingou, les enfants ont trop souvent des gros ventres, signe de bonne nutrition et de richesse comme chacun sait... Si on faisait payer en argent individuellement, au-delà des problèmes structurels dont je parlais, on passerait de plusieurs centaines de spectateurs à entre 5 et 10... Et ce n'est même pas sur ! A 100 francs CFA la place, on ne couvrirait pas les frais d'essence. Donc à être dans le symbole, autant y être intelligemment. Bien sur que si on travaillait en ville, même petite, les choses seraient différentes.

A part ça, la troisième structure du CNA fonctionnera au Niger en juillet, si les problèmes de douanes sont réglés. On décidera de la date de mise en route de celle du Mali en fonction des problèmes que nous aurons ou que nous n'aurons pas au Niger. A Paris, Laurence et Jean François prépare la fête annuelle du CNA . D'après mes informations, ce sera le 20 Juin à Alfortville .

C. Lambert