Culture

En off, la photo descend dans les quartiers
Vingt-cinq soirées où sont projetés films et portraits des habitants de Bamako.

Par Frédérique FANCHETTE
lundi 28 novembre 2005

«Badialan, devant la maison du capitaine Sidibé, derrière le stade Bouvier.» Heureusement que les enfants du quartier sont là pour renseigner le visiteur. Quelques mouvements de main et voilà le studio démontable de l'association Cinéma numérique ambulant (CNA), qui campe là pour un jour. Dans le cadre des «Contours», manifestations «off» de la biennale, le CNA organise des soirées de projection dans vingt-cinq quartiers de Bamako. Chaque jour, après avoir préparé le terrain en rencontrant les chefs locaux, l'équipe s'installe dans un nouveau lieu. Cinq photographes maliennes se relaient pour réaliser des portraits et un reportage in situ. Tandis que Meyer, de l'agence Tendance floue, fait sa cuisine sur ordinateur en incrustant les silhouettes sur des fonds, choisis par les portraiturés (villes étrangères, monuments, paysages du Nord).

Le soir, c'est la fête. Dans la nuit tiède, balisée par quelques ampoules, le groupe Djibi Five chauffe l'ambiance. Et c'est parti pour les photos du jour sur l'écran de trois mètres sur quatre : un doyen en boubou dans la galerie des glaces à Versailles, une fille rondelette devant des éoliennes, un adolescent à Times Square, deux garçonnets hilares sur une plage brésilienne... Chaque apparition déclenche des hurlements de joie dans le parterre d'enfants. Puis la soirée s'écoule plus calmement avec Ma mère, histoire d'une immigration, de la photographe Farida Hamak, et de bons vieux burlesques (Smile Please de Langdon et Malec l'insaisissable de Keaton).

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