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Cinéma Numérique Ambulant - NIGER - Nouvelles 19

4 septembre 2003

Bonjour,

les trois structures du CNA continuent à fonctionner.

Mercredi 17 septembre une présentation des actions menées par le CNA en 2003 sera organisée à Paris, par TV5 et CFI

A Ouidah, Natitingou et Niamey, 3 projections par soir, 15 projections par semaines... Entre 300 et 1500 spctateurs par projection, suivant les villages...

Et bientôt l'installation de la structure du Mali, décembre sans doute.

Les structures de Ouidah et Natitingou sont complètement autonomes.

Jean-François Meyer est arrivé au Niger, Il y a tout juste un mois, le cinq août. Membre "actif" du CNA, ilest toujours à Niamey. Ami de Ide Gogi, le responsable du CNA Niger, il l'aide à finaliser la mise en place de cette troisième unité de projections.

Il nous a envoyé ses premières impressions, extraits:


Nous sommes en cinquième semaine maintenant. Un rythme est pris.

Les chefs et responsables de villages nous attendent, remplissent désormais parfaitement notre modeste mais précieux cahier des charges. Ils prennent bien soin du CNA. Nous prenons le temps d'aller saluer les imans qui comprennent bien notre action, même si la prière est plus vite expédiée et si le nombre de femmes croît d'une séance à l'autre, l'évènement est trop important pour qu'ils y trouvent à redire. Bien sûr, les femmes se tiennent trop souvent à l'écart et les petites filles ont parfois du mal à prendre place sur les nattes que nous plaçons devant l'écran. C'est variable selon les villages. A Kara-Bégui certaines sont venues dire avec humour à Idé le responsable de la structure Niger : " Il faut continuer le cinéma jusqu'à ce que nos maris viennent nous chercher ". Et c'est Hadjara, la fille de l'équipe CNA, qui assure désormais traduction et commentaires. Il faut noter aussi que deux des films que nous passons en ce début de programme, "La Vie est belle" et "Bal poussière", racontent à leur manière l'histoire de femmes qui s'émancipent. Non seulement cela se passe sans encombres mais des femmes viennent nous dire " merci, c'est beau, c'est bien ". Nous montrons les premiers épisodes de Moussa le taximan et c'est un grand cri de stupéfaction quand un porc traverse l'arrière plan d'une scène de Anna et Basile.

Aujourd'hui, 4 septembre, au Niger, nous totalisons 15 750 spectateurs pour vingt quatre séances depuis le 28 juillet. Nous avons du en annuler cinq à cause de la pluie. Mardi soir, la route de Dara était coupée au retour par un erg, un de ces lits sablonneux qui débordent à une vitesse hallucinante sous la violence spectaculaire des orages. La route emportée, nous ne sommes rentrés à Niamey qu'à cinq heures du matin. Si les soirées sont bien occupées, les journées ne le sont pas moins.

A partir de Niamey le CNA intervient dans dix villages. Au Nord-ouest, le long du Niger, rive droite, Dara est à trente km. C'est la piste difficile de Gothèye. On y trouve successivement Yoreize-Koira, Saga-Fondo et à cinquante kilomètres, Hondey-Koira-Tégui. Sur la rive gauche, Boubon, Koutoukalé-Tégui et Sansanne-Haoussa. Distance maximum, soixante et dix kilomètres. C'est du goudron, sauf l'accès aux villages, chemins de terre très scabreux. Au nord, sur la piste de Ouallam, nous allons à Koné-Béri. Enfin au sud-est vers Dosso, les villages de Kouré et Kara-Bégui à quatre vingt kilomètres. Dans la langue zarma, Koira signifie village, Tégui nouveau et Béri grand. Nous rentrons assez tard.

Aujourd'hui, tous les soirs, trois séances ont lieu entre le Bénin et le Niger. C'est très concret. La structure matérielle est ingénieuse, la qualité des projections est remarquable.

Ce n'est que du bonheur. De l'émerveillement. De la joie. Sur place, on le sent physiquement. On nous le dit très fort. Il faut voir l'accueil qui nous est fait, les enfants qui crient et courent derrière la voiture à notre arrivée. Il faut gentiment les écarter pour pouvoir monter et démonter car le spectacle commence dés que notre véhicule apparaît et ne se termine que quand il s'éloigne. A chaque fois la séparation est un petit déchirement. Je crois que, quoi qu'il arrive, ce que les projections apportent est inestimable. Ces gens sont privés de beaucoup de choses. Des enfants, des hommes et des femmes voient le cinéma le plus souvent pour la première fois. C'est une expérience unique dans des lieux où l'image est pratiquement absente et où les évènements sont rares. Ces personnes s'en souviendront toute leur vie. C'est un public d'une extrême attention et fortement réactif. Rires, exclamation, commentaires et traduction spontanée par ceux qui connaissent le français accompagnent chaque projection. Je pense à la phrase de M. Barmini, le secrétaire Général du Ministère de la Culture avec qui nous négocions une convention : " On ne combat pas la pauvreté sans combattre l'ignorance ". Donc, acte.

L'installation du CNA et de ses locaux est achevée. Ce n'est pas le cas du travail de communication, de la recherche de coopération, de films de sensibilisations sur le palu, le SIDA, l'éducation, la gestion des points d'eau et autres sujets cruciaux que nous voudrions en langue zarma et que sont susceptibles d'avoir produit diverses ONG. En fait, ces films existent, mais ne s'adressent pas, le plus souvent, au villageois concernés. Il faut donc poursuivre les rencontres et contacts très nombreux que Laurence et Christian ont eu dans un laps de temps finalement très bref. La télévision nationale, où Laurence est allée plusieurs jours de suite visionner des documents, dispose de films très intéressants. Il convient enfin de finaliser la convention avec la Direction de la cinématographie, autrement dit avec le Ministère de la Culture. C'est imminent.

Des initiatives particulières se profilent avec PLAN Niger, le Programme contre le paludisme où le théâtre, Les Tréteaux du Niger. La première opération spéciale aura lieu le 10 septembre dans un orphelinat de Niamey. Elles sera suivie, le 25 septembre par une projection organisée avec les " groupes femmes " de Niamey. Le CNA Niger est bien parti.

Jean François Meyer.